La fraise sur le bout de la langue

G

O'cbon n’aime pas ramener sa fraise à tout bout de champ mais il faut bien reconnaître que la fraise fleurit aussi dans la langue française depuis des lustres.

Ramener sa fraise signifie intervenir mal à propos dans une conversation, faire étalage maladroitement d’une science qu’on ne possède pas ou tout simplement arriver. C’est une expression d’argot qui a fini par se faire une place dans le français, comme beaucoup d’autres. Une fois la fraise ramenée, il faut repartir. Et de là à aller aux fraises, il y n'a qu'un pas que nous ne franchirons pas.

Aller aux fraises s’entend en effet dans un double sens. Le premier consiste à errer un peu sans but comme quelqu’un qui chercherait des fraises sauvages, le second à aller conter fleurette (et plus si affinités) dans les fraisiers sauvages, donc dans la nature. La fraise d’ailleurs est un fruit auquel les auteurs érotiques ont souvent recours pour de subtiles évocations.

De la fraise au pissenlit

On ne vous souhaitera pas toutefois de sucrer les fraises, ou alors le plus tard possible. Cette expression, comme les deux précédentes, semble être née au tournant du XXe siècle et signifie être agité d’un tremblement incontrôlé (maladie de Parkinson ?). Un tremblement qui rappelle celui que nous pouvons être amené à effectuer pour sucrer quelques fraises pas assez mûres (chose impossible chez O’cbon où les fraises ne sont pas fraises tant qu’elles ne sont pas mûres !). Ce qui est malheureusement un prélude avant de manger les pissenlits par la racine. Mais c'est une autre histoire.

Mondialisation

Le fraisier est en tout cas un pur produit de la mondialisation. Les fraisiers sauvages sont présents en Europe et sur le continent américain, mais il faudra rencontre entre ces deux origines pour donner naissances aux fraises modernes. En Europe, connus depuis les temps romains, les fraisiers ne donnent que de tous petits fruits, au grand désespoir des jardiniers qui essayent, par sélection massale, d’augmenter la taille des fruits depuis la fin du XVe siècle en France. Ce n’est qu’après le croisement entre la branche européenne, les fraisiers des bois, et un premier fraisier ramené des USA (fragaria virginiania) probablement ramené dans les bagages de Jacques Cartier, à le fin du XVIe siècle, que la fraise pris de l’embonpoint. Puis, au début du XVIIIe siècle un nouveau croisement est opéré de Fragaria Viginiana avec Fragaria chiloensis, une variété plus généreuse en calibre rapportée du Chili par Amédée François Frézier. Ainsi naquit Fragraia Ananassa Duch, souche de toutes les variétés modernes.

 


Retour